LOUIS LE ONZIEME - XI - Jean Favier

Longtemps présenté comme un roi cruel et économe par l’imagerie populaire, Louis XI avait bien sûr une personnalité plus riche que cela. C’est d’ailleurs tout à l’honneur de son premier « historien », Commynes de le présenter dans sa complexité.  Après d’autres grands biographes, Jean Favier nous présente un Louis XI tout en subtilité.  Ce n’est pas le moindre de ses mérites.

Commynes définit dans son prologue à l’archevêque de Vienne ce qu’il a voulu faire en écrivant ses Mémoires : « Ecrire ce que j’ai su et connu des faits du roi Louis Onzième »

Par lui, en effet, nous sont rapportés les faits et gestes d’un des plus grands souverains français en une période particulièrement tumultueuse.

L’auteur de ce livre, quant à lui, ne fait pas œuvre de chroniqueur, mais d’historien, en rajoutant à ces éléments-là tout le savoir que l’on peut tirer d’autres sources plus nombreuses et plus fiables, que le simple témoignage de Commynes.

Cette hauteur de vue, c’est ce qui caractérise son travail.  Grâce à lui, on conçoit, page après page, quelle fut la force de Louis XI pour briser le pouvoir de la noblesse, agrandir le domaine royal, en particulier au détriment de celui de Charles le Téméraire, le puissant duc de Bourgogne, et relever l’économie française ruinée par la guerre de Cent Ans. 

Infatigable, Louis XI apparaît comme un grand diplomate -  Que ne fait-il pas pour isoler ses adversaires et en particulier le Téméraire ! – et un grand chef d’Etat, aussi bien dans le domaine politique avec la création de parlements nouveaux par exemple, que dans le domaine économique, où il contribua au renforcement du commerce et aux débuts d’une industrialisation qui deviendra plus tard forte et prospère.

Mais à ce tableau qui pourrait sembler idyllique, Jean Favier rajoute la part d’ombre du personnage qui en dit long sur ce que pouvait être un roi à cette époque.

L’historien du Moyen Age ne peut que s’interroger à propos de Louis XI.  D’abord parce qu’il n’échappe pas à l’image noire que l’on a si souvent brossée, faite d’un petit chapeau et de médailles pieuses, de têtes tranchées et de cages de fer, de manquement à la parole donnée et de coups tordus.  Ensuite parce que le bilan ne saurait être sous estimé du fait d’une France influente en Europe, d’un Etat consolidé et d’un pays en paix.  Enfin parce que, plus qu’aucun autre avant lui, Louis XI à laissé par écrit ce qu’il avait en tête.

Dans quelque domaine que l’on poursuive des recherches, on le rencontre.  De la diplomatie aux infrastructures commerciales, de la monnaie à la poste aux lettres, des fondements du gallicanisme à ceux de l’unité politique du royaume, on ne peut éviter Louis XI.  On ne saurait considérer l’histoire de l’Angleterre et de l’Espagne ou celle de l’Italie sans lui faire une place. 

Ses échecs même, en matière économiques par exemple, sont de ceux qu’il faut souligner.  Il en va de même de ses absences comme dans l’émergence d’une nouvelle pensée universitaire ou dans celle de l’humanisme renaissant.