C’est, entre autre, à toutes ces questions que répond Pierre Milza dans cette biographie qui ne laisse rien dans l’ombre de la personnalité de Benito Mussolini . Biographie politique, bien sûr, mais aussi genèse d’une personnalité très complexe.
Du fils du peuple qui milite pour le mouvement ouvrier et oscille entre neutralité et intervention pendant la Première Guerre mondiale, comment est-on passé à l’homme qui milite pour un régime d’ordre ?. De celui qui, à l’image du peuple italien, est hostile à tout hégémonisme germanique et, encore plus, indifférent à toute exclusive raciale, comment est-on passé à l’allié du Reich et au complice de Hitler dans le génocide ?.
Qui est cet anticlérical qui signe les accords du Latran, cet anticolonialiste qui veut conquérir l’Ethiopie, ce républicain qui offre au roi le titre d’empereur… ? L’auteur rend compte de ces contradictions, voire de ces reniements, chez un homme dont un des traits fondamentaux était qu’il était persuadé d’être à lui seul le salut de l’Italie. L’auteur signale que ce personnage eut l’heur de plaire, malgré tout, à Churchill, à Roosevelt, et à Ghandi qui lui rendit même visite solennellement précédé de sa chèvre. Mais ne parle pas de l’admiration que lui vouait la « droite » française, et surtout les collaborationnistes de Vichy.
Cet ouvrage important de Pierre Milza sur Mussolini, renouvelle d’autant plus le sujet qu’au cours des trente dernières années la connaissance et l’interprétation du fascisme ont été enrichies et bouleversées par une abondante historiographie italienne, que domine l’œuvre majeure de Renzo De Felice, aujourd’hui disparu.
Partis de l’application mécanique d’une grille banalement marxiste, les historiens italiens du fascisme, à commencer par De Felice lui-même, ont évolué peu à peu vers une compréhension moins stéréotypée et plus adaptée aux traits originaux du phénomène.