NOUS IRONS CHANTER SUR VOS TOMBES Daniel Tartakowsky

 En 1804, la ville de Paris achète à Jacques Baron pour 180.000 francs sa propriété. Le Clos, la basse-cour, ses bassins avec terrasses, ses bosquets, ses vignes et ses arbres fruitiers, abriteront désormais un cimetière.  Mais aussi bucolique fût - il, ce champ du repos ne devait pas toujours le rester.  Destiné, à l’origine, à être le cimetière des élites  –  Napoléon n’y fit-il pas transférer la dépouille de l’épouse d’Henri III ? -  dès la Restauration, et surtout après la Commune, il reçoit la sépulture de rebelles et opposants politiques.  L’épisode tragique du  Mur des Fédérés, où furent exécutés les derniers Communards après quelques combats dans le cimetière a, en effet, changé l’histoire du Père-Lachaise.

 En souvenir du passé, les communistes en ont fait le cimetière des héros de la Révolution, Blanqui, Pottier, auteur de l’Internationale, Vallès, Vaillant-Couturier, Barbusse, Bloch, Eluard, Cachin, Thorez… membres du parti, agitateurs, écrivains, compagnons de route, résistants, déportés y sont enterrés aux côtés des morts et martyrs de la Commune.  Ils confèrent aux lieux un supplément d’âmes, une sacralité particulière, une spiritualité inédite. - Pèlerinage rouge au cœur d’une nécropole fascinante - .